Labo

Approche

Une pratique écoresponsable et raisonnée

(Ré)inventer des procédés naturels et écologiques, et avoir une pratique raisonnée quand il s'agit de procédés traditionnels.

Une curiosité technique au service de la création

Rechercher en permanence des nouvelles techniques à explorer pour répondre aux besoins et aux demandes des photographes.

Une pratique manuelle à l'épreuve de la reproductibilité

Perfectionner le geste manuel et mettre au point des protocoles rigoureux pour favoriser une meilleure reproductibilité des tirages.

Une pratique écoresponsable
et raisonnée

Je suis foncièrement écologiste, et dès le début de mon parcours photographique, je me suis posé beaucoup de questions sur l'impact environnemental des procédés photographiques. D'un côté, les procédés photographiques traditionnels me passionnent et j'ai envie de les faire vivre. D'un autre côté, ces mêmes procédés entrent en contradiction frontale avec mes convictions écologistes, puisque certains produits chimiques employés peuvent avoir un impact nocif sur la santé comme sur l'environnement.

Pour apaiser mes contradictions, je développe depuis des années des procédés de tirage biologiques, fondés sur l'utilisation de colorants ou de tanins végétaux directement issus des plantes. J'ai mis au point un premier procédé naturel en 2013 : la kakitypie. En 2019, j'en ai créé une variante que j'ai baptisée kydoniatypie. J'ai également fait de nombreuses recherches sur l'anthotypie et plus globalement, la phytotypie. C'est un champ d'étude qui me tient à cœur et dans lequel je m'investis autant que possible.

Cependant je réalise toujours des tirages selon des procédés plus traditionnels. J'essaie alors de limiter au maximum l'impact environnemental de ma pratique. Bien évidemment, ces procédés reposant souvent sur l'usage de sels métalliques ou de bichromates, je ne peux pas en faire des procédés "verts" non plus. Mais j'essaie d'en avoir une pratique la plus raisonnée possible. Cela passe entre autre par un certain nombre de "petits gestes" :

  • éviter les rejets chimiques : lorsque je travaille avec des produits potentiellement nocifs, je ne rejette jamais les eaux contaminées. Je les recueille dans des bidons en indiquant de quoi il s'agit, je les neutralise quand c'est possible, et je les dépose en déchetterie.
  • conserver et entretenir les chimies : beaucoup des solutions chimiques utilisées peuvent se conserver sur le long terme. Mais dans certains cas, il faut les filtrer régulièrement, les entretenir par l'apport de chimie neuve ou d'additifs pour prolonger leur efficacité. Dans d'autres cas, les solutions ne se conserveront que quelques heures ou quelques jours : il s'agit donc d'estimer au plus juste les quantités nécessaires dans l'immédiat, histoire de ne rien gaspiller.
  • réduire les déchets : j'utilise des chiffons lavables au lieu de l'essuie-tout, des caches en papier réutilisables au lieu du scotch de masquage, des gants de protection durables au lieu des gants à usage unique, etc. Même les tirages ratés me servent à prendre des notes.

  • limiter la consommation d'eau : bien entendu, le lavage des tirages est primordial pour leur conservation, mais cela peut nécessiter beaucoup d'eau. J'ai donc mis en place plusieurs astuces pour limiter au maximum la consommation d'eau à ce stade, tout en garantissant un lavage optimal. En outre, le lavage des cuvettes et autre matériel de laboratoire peut aussi représenter un important gaspillage d'eau. C'est pourquoi dans mon laboratoire chaque cuvette, chaque pipette, chaque récipient de pesée, chaque pinceau, etc. est dédié à une chimie spécifique : je n'ai donc pas besoin de procéder à des lavages en profondeur pour éviter les contaminations d'une chimie à l'autre, et je peux me contenter d'un rapide rinçage après utilisation.

  • favoriser et valoriser les tirages de petits formats : évidemment, quelle que soit le procédé employé, réduire le format des tirages permet d'économiser des matières premières (papier, produits chimiques, eau) et de limiter l'impact écologique secondaire (encadrement, transport, etc.).

Au-delà de ces petits gestes qui peuvent paraître anecdotiques (mais qui font déjà une différence), c'est toute ma pratique que je questionne au regard des enjeux environnementaux liés aux tirages photographiques. J'en passe parfois par de douloureuses et profondes remises en question, mais au moins, je me pose ces questions. Et j'essaie de faire avancer les choses dans la bonne direction.

Une curiosité technique
au service de la création

Je vois le tirage photographique alternatif comme un infini champ des possibles. Beaucoup de procédés ont déjà été inventés, mais d'autres restent à découvrir, à combiner, à redéfinir... et c'est ce qui en fait toute la beauté. À titre personnel, je ne suis pas chimiste, mais je suis indéniablement curieuse, et j'adore me plonger dans la littérature scientifique pour y trouver des solutions ou de l'inspiration. Donc je suis ouverte à l'exploration et à l'expérimentation techniques pour des projets spécifiques.

Une pratique manuelle
à l'épreuve de la reproductibilité

J'ai consacré une grande partie de mes recherches (et notamment mon mémoire de fin d'études à l'ENS Louis-Lumière) à la reproductibilité technique appliquée aux procédés alternatifs. Bien souvent, ces procédés font intervenir le geste manuel, ne serait-ce que pour l'étendage de la solution photosensible sur le support (papier, plaque de verre, etc.). Aussi, d'un tirage à l'autre, les rendus peuvent être légèrement ou radicalement différents.

Mon approche consiste à réduire ces différences à un écart infra-mince entre les tirages. Pour cela, je mets en place des protocoles de fabrication très précis pour chaque procédé, non sans avoir exploré l'influence de chaque paramètre au préalable. J'applique ensuite rigoureusement ces protocoles pour parvenir à une reproductibilité optimale.

Toutefois, il faut garder en tête que la plupart des procédés alternatifs sont sensibles à des paramètres externes (hygrométrie, température notamment), donc il m'est impossible de garantir des tirages identiques d'une saison à l'autre par exemple.